Centre Pompidou : Nations alternatives et alternatives aux nations
Trois jours de débats dans le cadre du festival Hors Pistes #13 "La nation et ses fictions".
Samedi 27 janvier.
Séance 1
CARTOGRAPHIER LA NATION
Coordonnée par Manuel Cervera Marzal (docteur en sciences politiques), Anders Fjeld (docteur en philosophie), Arthur Guichoux (doctorant en philosophie), Etienne Tassin (professeur de philosophie).
Quelle représentation de la nation nous renvoient ces revendications nationalistes qui s’élèvent indifféremment contre la globalisation ou l’Union européenne, qui revendiquent la consolidation de l’union nationale ou qui, au contraire, réclament de faire sécession ? S’agit-il à chaque fois de la même « nation » ? N’y a-t-il pas une sollicitation de la nation qui ne se confond pas avec un discours nationaliste ? Car on peut penser que l’on quitte la nation soit par le haut (vers une structure supra ou post-nationale), soit par le bas (régionalisme, nationaliste ou pas). Mais aussi latéralement, par un pas de côté : quelles autres images de la nation ou quelles images autres que celle de la nation sont convoquées pour concevoir, expérimenter, projeter des formes de communautés sociales et politiques qui n’ont pas recours à cette fiction et sont capables de susciter d’autres récits que le récit national ? Que ce soit en Catalogne, au Kurdistan, ailleurs encore… La langue politique est-elle nécessairement nationale ?
C’est ensemble, collectivement, avec l’aide d’intervenants divers, associatifs, militants, universitaires, artistes, que l’on prêtera l’oreille à d’autres imaginations et la main à d’autres manières d’écrire ou de cartographier le politique que la manière nationale ou nationaliste.
Programme de cette après-midi :
14h-14h15 :Anders Fjeld : Introduction du cycle Nations alternatives, alternatives aux nations
14h15-15h15 : Étienne Balibar, Aliénor Ballangé : Dialogue sur l’hypothèse post-nationale
15h15-16h : Arthur Guichoux : L’expérience du Rojava comme mise à l’épreuve de la nation
16h-17h : Edgar Straehle, Manuel Cervera-Marzal : Le processus d’indépendance de la Catalogne : mouvement national ? mouvement nationaliste ?
Dimanche 28 janvier
Séance 2
Décoloniser la nation
Coordonnée par Malcom Ferdinand et Pauline Vermeren (docteurs en sciences politiques et en philosophie). Avec :
Kévi Donat (Black Paris Walks)
Samanta Novella (Nature Rights)
Jean-François Boclé (artiste)
Gerty Dambury (dramaturge et romancière)
Audrey Célestine (enseignante-chercheure)
Ary Gordien (docteur en anthropologie)
Barbara Glowczewski, (directrice de recherche au CNRS)
Valentin Brel (membre de l’ONAG-Organisation des Nations Autochtones de Guyane- et de Nature Rights)
Marie De Franca (France Libertés et Nature Rights)
Depuis son empire colonial, le républicanisme français a fait dépendre l’accès à la citoyenneté de l’appartenance nationale, de sorte que les droits et les devoirs des citoyens étaient, et sont encore, conditionnés par la nécessité d’un partage fantasmé : celui d’une même histoire, d’une même culture, d’un même espace, d’une même langue, d’une même couleur de peau, d’une même religion. Que faire alors de celles et ceux qui, participant de cette même nation, n’ont pas ces spécificités en partage ? A plusieurs histoires et à plusieurs géographies correspondent plusieurs formes d’identification. Depuis les marges du contexte postcolonial français, ces aspects fictionnels font donc éclater le discours normatif de la nation. Peut-on alors décoloniser la nation ? Et comment décoloniser la nation ? Peut-on aller jusqu’à penser le monde postcolonial hors de toute fiction nationale ? Suggérer une fiction de la nation postcoloniale, c’est aussi rendre compte de l’existence de communautés non nationales qui pourtant s’inscrivent dans des luttes géopolitiques décoloniales. Deux moments interrogeront ces doubles fictions historiques et géographiques de la nation :
Projection de la visite du Paris noir avec Kévi Donat (Black Paris Walks). Retour d’expérience et discussion à partir de photos et de vidéos.
Discussion autour d’une exposition de cartes de la France et de ses outre-mer. Face au changement climatique et aux multiples incursions de Gaïa à travers des pollutions et des catastrophes, que reste-t-il de la fiction d’une nation close à l’intérieur de ses frontières imaginées. De migrations en cyclones, la nation comme fiction(s) peut-elle encore faire face à l’anthropocène ?
Lundi 29 janvier
Séance 3
L’espace, cette alternative…
Coordonnée par Alice Carabédian (docteure en philosophie politique et utopiste des grands chemins)
14h-17h30
La science-fiction, qu’on l’appelle spéculative, prospective, anticipation, space-opéra, cyber-punk ou post-apocalyptique, dessine toujours des univers qui interrogent notre présent par des biais jusque là inaccessibles. Elle ouvre des brèches et nous invite à réfléchir aux alternatives et aux possibles. Qu’est-ce qu’un monde autre ? Que serait notre monde si… ? La science-fiction joue avec les variations et interroge singulièrement la politique. Qu’est-ce que la politique s’il n’y a plus d’institutions ? Qu’est-ce qui fait communauté lorsque l’on vit avec des extraterrestres ? Qu’est-ce qu’une identité quand une partie de la population est mutante ? Qu’est-ce qu’une nation si nous déplaçons l’humanité sur Mars ou sur un vaisseau spatial ?
Dans une perspective utopique, post-coloniale, féministe et queer, nous allons faire de l’espace du festival un espace de tous les possibles. En travaillant ensemble les représentations de la politique dans la science-fiction, en cherchant des outils dans la spéculation pour ouvrir notre présent, le public sera invité à projeter dans une galaxie plus ou moins lointaine, par l’écriture et le dessin, des nations alternatives. Ou peut-être des alternatives à la nation.
Avec : Silvia Casalino (ingénieure au Centre national d’études spatiales, réalisatrice du film No Gravity, 2011) ; Claire Finch (auteure, doctorante en littérature et études de genre) ; Elitza Gueorguiva (auteure de Les cosmonautes ne font que passer, 2016, réalisatrice du film Chaque mur est une porte) ; Émilie Notéris (travailleuse du texte) ; Pauline Ngouala (artiste) ; Cécil Chaignot (réalisateur)